Nord
Vaudois - 8-9 mai 1999. It
Sous
le signe de la jeunesse
C'est résolument sous le signe de
la jeunesse qu'était placé le concert donné
dimanche dernier dans l'abbatiale de
Romainmôtier par le Choeur des gymnases
lausannois, un ensemble instrumental et un octuor
de solistes sous la direction d'Olivier Piguet.
Jeunesse de la centaine d'interprètes, choristes
et instrumentistes, mais aussi jeunesse des
compositeurs. Mozart n'avait que 18 ans lorsqu'il
compose la Messe brève qui fut chantée
dimanche et 24 ans lorsqu'il écrivit les Vêpres
solennelles du Confesseur, dont en entendit
le Laudate dominum. Et c'est à un jeune
marié de 22 ans, Jean-Sébastien Bach, que l'on
doit la Cantate de Pâques N°4 qui
figurait au programme aux côtés de la Pavane,
Couleur du Temps, que Frank Martin composa
à l'âge de 30 ans. A l'instar de la Fontaine de
Jouvence aux dynamisantes vertues, ce concert
soulève dans l'assemblée une vague
d'enthousiasme juvénile.
Ce qui frappe d'emblée, dans la Cantate de
Pâques, de Bach, c'est l'effet de masse des
vois de jeunes filles, toutes de fraîcheur, peu
structurées; les ténors et les basses, aidés
par des renforts chevronnés, sont plus incisifs.
Par contraste, l'octuor de solistes, dans des
registres mieux équilibrés, cisèle chaque
phrase musicale avec délicatesse. Le chef
Olivier Piguet maintient un tempo soutenu, et les
cordes sont énergiques, fougueuses même.
Aucun enregistrement ne peut reproduire
l'impression de sérénité qui se dégageait du
choral de la cantate 147 Jésus que ma joie
demeure, empreinte d'une totale confiance en
l'avenir manifestée par tous ces jeunes. Dans le
même esprit, l'excellent baryton Philippe
Renaud-Danthe déclamait le récital. Frédéric
Gindraux chantait l'air de ténor avec naturel et
de façon très expréssive. Quand à la voix de
Catherine Rouard, soprano, elle est de celles
qu'on n'oublie pas: veloutée dans les parties
médianes, elle éclôt comme fleur au soleil et
s'épanouit généreusement à mesure qu'elle
accroche les notes les plus hautes, dans le
psaume 117 de Mozart, son solo Laudate
Dominum in seccla seculorum repris par le
choeur, dégageait vraiment une impression de
grâce éternelle.
La Messe brève, de Mozart, joyeuse et
enjouée, nous emporte comme sur un manège. Les
notes dansent, les paroles glissent, tout semble
facile et léger. Pourtant, combien de démarches
et de répétitions aura-t-il fallu, d'un
établissement à l'autre, pour rassembler tant
d'exécutants malgré les contraintes des
horaires scolaires. C'est à la passion d'Olivier
Piquet, passionné pédagague et passionné
musicien, que l'ont doit la réussite d'une telle
entreprise. Avec un ensemble instrumental de
belle qualité - une vingtaine de cordes - il
donna dans la Pavane, Couleur du Temps,
de Frank Martin, la mesure de ses qualités de
chef d'orchestre et une ouverture sur des
horizons nouveaux.
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