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24 Heures
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24 Heures (Weekend). Corinne
Jaquièry
Chanter
l'au-delà
Est-il
possible d'évoquer sereinement la mort lorsqu'on
est jeune et plein de vie? C'est en chantant que
les choristes des gymnases lausannois apportent
leur éclatante réponse.
Deux oeuvres fortes sont au
programme du traditionnel concert annuel du
Choeur des Gymnases lausannois: le Requiem
de Wolfgang Amadeus Mozart et les Chants de
l'au-delà, une création du compositeur
Jean-Claude Bossel, professeur de mathématiques
au Gymnase Auguste Piccard. Après trois concerts
à Lausanne, Payerne et Romainmôtier, le choeur
partira en Espagne, invité par l'orchestre de
Catalogne qui l'accompagne. "C'est très
motivant de pouvoir chanter ailleurs. Il est
aussi important de présenter une oeuvre
marquante, afin qu'il y ait un bel
"après" Carmina Burana qui a
été une réussite l'année dernière",
explique Olivier Piguet, directeur du choeur.
"La nostalgie du Requiem est telle
que je tenais également à avoir une création
contemporaine inédite. Je suis intimement
convaincu que c'est une pièce dont il va rester
beaucoup. Tant pour les chanteurs que pour le
public! Les Chants de l'au-delà sont
une alternative au Requiem. Un autre
regard sur le même événement." Mais les
thèmes de la mort et de l'au-delà ne sont-ils
pas angoissants à aborder pour de jeunes
adultes? "Je crois, au contraire, que
chanter peut parfois aider à évacuer certaines
angoisses. Le plus important c'est de chanter la
même chose et de ressentir ensemble des
émotions."
Les quelque 180 choristes expriment pleinement
leur plaisir à participer à une si belle
aventure sous la direction d'un chef généreux,
passionné par son travail. Répétant entre deux
cours, tout en se dépêchant de grignoter un
sandwich, les jeunes chanteurs semblent mettre
tout leur coeur... au choeur!
Pour Delphine, 18 an, le thème de la mort n'est
pas plus effrayant qu'un autre: "La mort,
cela fait partie de la vie, c'est aussi la vie.
Pour moi, ce qui compte c'est de chanter et
d'échanger avec les autres choristes." Son
camarade, Raphaël, 16 ans, est du même avis,
même si les deux oeuvres choisies cette année
le ramènent à un deuil personel: "Mon
père est décédé il y a quatre ans, et cela me
touche d'interpréter certains passages. Mais le
fait de participer au choeur est super car j'aime
le contact." Elsabeth, 17 ans et Navamani,
18 ans, entraînées dans le choeur par leurs
soeurs respectives soulignent avec enthousiasme
que l'ambiance y est toujours fantastique.
"Découvrir de nouvelles oeuvres
contemporaines est également très
intéresant", ajoute Navamani.
Quand à Jean-Claude Bossel, l'auteur des Chants
de l'au-delà, une oeuvre inspirée par le
rêve, il avoue qu'il est assez extraordinaire de
composer pour des gens qu'on côtoie tous les
jours. "Il y a des réactions au texte et à
la musique. Je crois que cette pièce ne laisse
personne indifférent car elle propose de
découvrir notament l'envers des choses."
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It
Romainmôtier: concerts
fantastiques
Il est des événements qui
suscitent des émotions intenses. Ce fut le cas,
dimanche dernier à l'abbatiale de Romainmôtier
où 160 élèves du Choeur des Gymnases
lausannois chantaient le Requiem de
Mozart sous la direction de leur maître de
musique Olivier Piguet et donnaient en création
une oeuvre percutante de leur professeur de
mathématiques Jean-Claude Bossel: Chant de
l'au-delà. Une double approche de la mort
qui fit vibrer, toutes générations confondues,
un public massif et enthousiaste de mélomanes et
de supporters.
L'effet de masse des 160 jeunes aux
voix fraîches et naturelle donna une impression
de plénitude et de sérénité qui culmina dans
le "Lacrimosa" du Requiem de
Mozart. Avec le dynamisme propre à la jeunesse
cette messe des morts s'est colorée de vie et de
lumière, impression accentuée encore par la
prestation de l'excellent orchestre catalan
"Orquestra de Cambra de l'Emporda" à
la vivacité toute espagnole et par un
remarquable quatuor de solistes: Catherine
Rouard, soprano, Isabelle Henriquez
mezzo-soprano, Frédéric Gindraux, ténor,
Richard Ackermann, basse.
Langage musicale moderne
Les Chants de l'au-delà création du
compositeur vaudois Jean-Claude Bossel, sont un
langage musical moderne auquel les jeunes
adhèrent spontanément, par une écoute et une
participation active. Dans un corps à corps avec
la musique, les réminiscences de tout un vécu
émergent, pêle-mêle. Que d'efforts douloureux
pour franchir le difficile passage du rêve à la
réalité, de la vie à la mort... de la mort à
la vie! Orgues, tambours, claquement de mains
scandaient cette lente progression qui s'acheva
dans l'allégresse d'une danse. La voix parlée
de la basse et du choeur donnait une dimension
théâtrale à la conclusion sur un texte de l'Apocalypse:
"Je suis le Vivant..."
Le Requiem de Mozart faisait figure de
leçon bien récitée face à ces Chants de
l'au-delà qui avaient le goût d'une
aventure spéléologique dans les profondeurs de
l'inconscient, avec des peurs, des doutes, des
risques, des émerveillements, des impasses et
des souffrances jusqu'à l'éblouissante
émergence dans la lumière. Une ovation doublée
d'une clameur juvénile salua la performance des
interprètes et l'engagement des deux
professeurs, Olivier Piguet, le directeur et
Jean-Claude Bossel, le créateur, merveilleux
guides et inspirateurs d'une jeunesse
privilégiée.
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