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24 Heures
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24 Heures - 2 mai 1997. Matthieu
Chenal
Blaise
Mettraux, compositeur vaudois:
du rap à la Messe en ré
mineur
Le
jeune pianiste, après une solide formation
classique et quelques incursions ves des
mélodies plus... contemporaines, voit sa messe,
née d'une boutade, et Chemin faisant
joués à Lausanne et Moudon.
Depuis
l'âge de 6 ans, Blaise Mettraux joue du piano.
Jusqu'à 16 ans, il suivra la filière classique,
passant par le Conservatoire de Lausanne. A ce
moment-là, il en a marre de la musique
classique: ce qu'il veut, c'est improviser. Il
s'inscrit au Conservatoire de Fribourg en section
jazz. Et pendant quinze ans, il va jouer des
claviers en jazz. Il va aussi faire du rock
(hard, paraît-il) et même du rap puisqu'il
écrit - entre autres - un titre pour Sens Unik.
Nullement lassé de la "musique
d'impro", mais attiré de plus en plus par
la composition qu'il pratique en autodidacte, il
décide de reprendre les études classiques:
"L'impro, c'est le côté "jeté"
des idées musicales, comme un croquis.
L'écriture permet de fixer ses idées, de s'en
nourrir." A 35 ans, Blaise Mettraux va
obtenir, cette année, son brevet au
Conservatoire de Lausanne, mais il enseigne
déjà au Collège de Baulmes.
Un mariage heureux
Ce mois de mai est un mois faste pour Blaise
Mettraux, puisqu'il berra la
"recréation" de sa Messe en ré
mineur (nouvelle orchestration), et la
création de Chemin faisant, oeuvre
profane pour double choeur et petit orchestre sur
un texte original de Gil Pidoux. Explication:
"A l'origine, ma Messe est une
commande de ma soeur - sous forme de boutade -
pour son mariage. J'ai accepté le pari et
composé le Kyrie, le Sanctus
et l'Agnus Dei. On m'a demandé ensuite
de compléter la Messe. Pour la
création, en janvier 1996, avec l'ensemble vocal
Bis et cinq instrumentistes, je n'ai conservé
que les parties extrêmes de l'original. L'oeuvre
est construite de manière symétrique autour du Credo,
qui n'est pas complet (j'ai supprimé les
passages auxquels je ne crois pas) et qui
contient quelques doutes...
"L'été dernier, j'ai reçu la commande
d'orchestrer ma messe pour l'OSUL (Orchestre
symphonique de l'Université de Lausanne) et le
Choeur des Gymnases lausannois. Comme c'était la
première fois que j'écrivais pour l'orchestre,
j'ai demandé à Jean Balissant de faire la
relecture et la supervision de la partition qu'il
a accepté volontiers. Ma musique est tonale,
voire polytonale, je suis inspiré par le jazz
(Monk, Miles Davis) essentiellement pour les
harmonies. Mais les musiciens classiques disent
que ma musique ne sonne pas classique et les
musiciens de jazz disent qu'elle ne sonne pas
jazz."
Simple, mais pas
simpliste
Parallèlement à mon travail d'orchestration de
la Messe, j'ai composé la musique de Chemin
faisant sur un texte de Gil Pidoux et que
m'a commandé la Société cantonale des
chanteurs vaudois. C'était très agréable
d'écrire au même moment une musique "qui
colle au texte" et qui soit drôle et
cocasse. Il fallait écrire de façon accessible,
simple, mais non simpliste. Je crois que j'y suis
arrivé puisque des chefs de chorale m'ont déjà
demandé s'ils pourraient reprendre des rxtraits
pour leurs propres choeurs.
"Ces deux oeuvres font encore partie de mes
études, mais elles m'ont fait énormément
progresser dans mon métier. J'avais des
contraintes précises à suivre, en fait, c'est
très stimulant."
"Chance
inouïe"
Le chef de choeur Olivier Piguet est
très impliqué dans les créations de
Blaise Mettraux puisqu'il dirigera la Messe
en ré mineur avec l'OSUL et les
gymnasiens lausannois, et qu'il a réuni
un choeur ad hoc pour Chemin
faisant.
Il a repris le Choeur des gymnases
lausannois il y a un an et demi, et son
enthousiasme est intact: "Je veux
ouvrir la démarche à tous ceux qui en
ont envie, donc chaque gymnasien peut
s'inscrire au Choeur. Il y a cinq
gymnases à Lausanne: je donne une
répétition par semaine dans chaque
établissement entre midi et une heure.
"En plus de ça, on a réuni les 120
chanteurs cinq samedis matin dans
l'année et pendant un camp de trois
jours. Pour les motiver, il faut vraiment
qu'il vivent un événement: chanter à
la Cathédrale avec un orchestre.
"Et cette année, c'est la première
fois que le Choeur joue une oeuvre d'un
compositeur non seulement vivant, mais
jeune et habitant la région. Au-delà du
"j'aime-j'aime pas", le fait
d'avoir le contact avec le compositeur
est essentiel. C'est une chance
inouïe."
Après la Messe en ré mineur avec
Christine Piguet, mezzo-soprano, Olivier
Piguet dirigera l'hymne Hör main
Bitten, Herr et l'oratorio inachevé Christus de Félix Mendelssohn,
avec Catherine Rouard, soprano, Richard
Williams, ténor, Igor Diakoff, baryton,
et Christophe Rapin, basse. |
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Coop
Région - 14 mai 1997. Arlette Roberti
Blaise Mettraux, compositeur
Deux premières pour choeur et
orchestre en mai.
Toutes les bonnes choses vont par
deux, dit-on. Et pour Blaise Mettraux, l'adage se
vérifie, puisque ce ne sont pas moins de deux
créations qui marqueront le mois de mai de cet
enfant d'Echallens.
En décembre dernier, ce jeune compositeur
challensois proposait sa première messe au
public de l'endroit. Le 2 mai à la Cathédrale,
puis le 4 mai à Moudon, le Choeur des gymnases
et l'Orchestre symphonique universitaire de
Lausanne (OSUL) ont interprété la "Messe
de chambre en ré mineur" dans une version
entièrement réorchestrée. Puis, le 24 mai, son
premier oratorio populaire sera offert aux
chanteurs vaudois lors du concert de gala de la
Fête cantonale de chant, à Echallens.
Ouvert à toutes les
musiques
Blaise Mettraux est né le 13 avril 1962, dans
une famille très attirée par la musique.
Originaire de Villars-le-Terroir, il vit
actuellement à Echallens. Dès l'âge de 6 ans,
il commence l'étude du piano, jusqu'à 16 ans.
Un peu lassé de la musique classique, il
fréquente alors le Conservatoire de jazz de
Fribourg, désireux de "comprendre comment
ça se faisait". Il fait partie du groupe
Cosa Nostra, puis accompagne des chanteurs et des
chanteuses, collabore avec le groupe de rap de la
région lausannoise Sens Unik. Après un arrêt
total de musique en professionnel, il reprend les
cours à fond il y a quatre ans au Conservatoire
de Lausanne. Aujourd'hui, il parfait sa formation
de musicien en préparant son brevet de musique
et enseigne aux collèges de Pailly Bulmes. Avec
160 élèves, il a déjà monté un spectacle,
leur offrant des chansons sur mesure. Une
expérience courte dans le temps, mais intense,
pour ce musicien qui avoue: "Je ne serais
pas la personne à travailler avec un choeur
pendant des années, mais sur une année et
demie, par exemple, c'est possible. Il faut des
plages durant lesquelles on peut s'éloigner des
gens."
Chemin faisant avec Gil
Pidoux
Pour "Chemin faisant", l'aventure est
d'importance. Lors des fêtes cantonales de
chant, qui ont lieu tous les quatre ans, il est
tradition que les interprètes du lieu offrent à
leur public de connaisseurs - les participants
aux divers concours et concerts - une oeuvre en
création. Depuis de longs mois, les responsables
se sont approchés du compositeur challensois
pour lui confier la lourde tâche d'écrire une
musique de circonstance.
- "Qu'est-ce que ça fait, quand on vous
commande une telle oeuvre?"
- "Tout d'abord, ça fait plaisir. J'avais
envie de travailler avec Gil Pidoux. Alors, j'ai
dit oui, mais j'aimerais choisir la personne qui
écrit le texte, pour qu'elle me porte. C'est
donc Gil Pidoux qui signe le texte. A partir de
là, il fallait faire quelque chose pour les gens
d'ici, qui ne soit pas trop abstrait et qui
corresponde à ce qu'ils font. J'ai donc eu
beaucoup de discussions avec le parolier. On
mettait nos idées sur la table. Petit à petit
s'est dessinée l'idée du chemin, qui se faisait
à travers les différentes choses de la vie. La
place du marché, par exemple, c'est l'endroit
où les gens se retrouvent comme sur les vieux
bancs."
Avec ses tranches de vie et ses choeurs variés,
l'oeuvres créée le 24 mai prochain est
également destinée à enrichir le répertoire
des chorales. Interprétée par quelques 140
choristes du Gros-de-Vaud et 11 musiciens, elle
sera dirigée par Olivier Piguet. Elle marque de
manière brillante l'entrée dans la carrière de
compositeur de Blaise Mettraux, persuadé que
"ça devait être écrit quelque part qu'un
jour je devrais faire ça."
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E. Koog
Concert de l'OSUL à
Saint-Etienne
C'est pour son cadre prestigieux,
son ambiance sereine et son acoustique que
l'église moudonnoise a été choisie par les
organisateurs de ce concert bis repetita, donné
deux jours plutôt à la cathédrale de Lausanne.
Comme de coutume, les accompagnants ont
contribué à remplir Saint-Etienne pour cette
heure musicale dense d'excellente facture.
L'OSUL - Orchestre symphonique de l'Université
de Lausanne et le Choeur des gymnases lausannois
forment un ensemble imposant. Le jeune chef
qu'est Olivier Piguet en a parfaitement dominé
les registres et la cohésion dans ses oeuvres
sacrées, mais à l'écriture souple et défilé
d'un oratorio profane. Ainsi, dans la Messe
en ré mineur de Blaise Mettraux, tout jeune
compositeur d'Echallens qui a surpris son
auditoire. Cet enseignant a démontré que la
musique d'inspiration divine peut voguer sur une
ligne harmonique moderne, exempte d'extravagance,
qui sait toucher le coeur et l'âme. Dès le
Kyrie, l'orchestration subtile et la ferveur des
interventions chorales ont créé un climat
propice au recueillement. Impression confirmée
avec un Credo et un Agnus Dei d'une touchance
simplicité, un Gloria flamboyant et un Sanctus
jubilatoire. Le dialogue entre les voix
juvéniles du choeur et celle, chaleureuse, de
Christine Piguet, ont accentué le bel équilibre
de l'oeuvre. Grâce en fut rendue à Blaise
Mettraux, présent à Moudon, qui fut ovationné
par ses interprètes enthousiastes et le public.
En seconde partie, c'est tout l'enchantement
mélodique de Félix Mendelssohn qui a déroulé
son charme, opérant même sur des oeuvres aussi
sérieuses - dans leur contexte - que cet hymne Hör
mein Bitten, Herr ou cet oratorio inachevé
consacré à la vie du Christ. Des extraits
choisis de la première partie (la Naissance) et
de la seconde (la Passion) ont permis au choeur
et aux solistes - Catherine Rouard (soprano),
Richard Williams (ténor), Igor Diakoff
(baryton), Christophe Rapin (basse) de rendre le
pathétisme sans lourdeur et la sérénité
aérienne de ce compositeur romantique. On sait
gré à toute cette cohorte de jeunes talents de
s'être arrêtée à Moudon et de nous avoir fait
partager et découvrir un tel répertoire. Pour
sa part, le chef Olivier Piguet a reçu, en fin
de concert, une large ovation, bien méritée,
pour son excellent travail de préparation et
d'exécution nuancée. Décidément, la valeur
n'attend pas le nombre des années...
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