Choeur des Gymnases Lausannois
   
Saison 2004-2005
Programme - ARTICLES - Photos

Chorus, Thierry Dagon
août 2005

Choeur des gymnases en concert

Un impressionnant choeur de jeunes a mis sur pied une superbe version de la messe en ut de Mozart.

    Olivier Piguet

  Le chef Olivier Piguet n’a peur de rien! La messe de Mozart est une oeuvre très exigeante, mais dès les premières mesures on sent que le pari est gagné. Les gymnasiens y mettent une foi et une présence qui arracherait des larmes à une porte de prison. Attentifs à la moindre inflexion du directeur, les jeunes ont la chance d’être porté par l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Le soprano Catherine Rouard réussit à faire planer sa première intervention, faisant fi avec une pureté incroyable de la périlleuse tessiture. Beau timbre, belle sensibilité, Christine Crépon Piguet manque d’un soupçon de soutien pour faire passer les terribles vocalises du Laudamus. Christophe Gindraux et Fabrice Raviola complètent avec bonheur le quatuor de solistes. On en vient à regretter que Mozart n’aie pas confié l’air au ténor et à la basse...

Des vocalises totalement maîtrisées

  Le choeur vient à haut des longues et difficiles fugues, aucune vocalise n’est savonnée, et, malgré la distance qui sépare les derniers choristes de l’orchestre, aucun retard n’entache la partition. Tout cela grâce à l’ardeur, l’énergie et l’amour que le chef Olivier Piguet insuffle à ses jeunes. Frissons et émotion garantis.

 

Création

  Le choeur ne s’est pas contenté d’interpréter une œuvre qui « va de soi ». Un professeur de mathématiques, Jean-Claude Bossel (*1957) s’adonne à la composition. Rien à voir avec Xenakis, si ce n’est le double métier. Le Jugement de Pâris est une œuvre tout à fait tonale, qui s’écoute facilement, avec de belles plages de rêverie planante. Mais si l’on ouvre la partition, on y trouve en l’analysant une somme considérable de références, clin d’œil à Wagner ici, Bach par là et j’en passe et des meilleures. Ces citations multiples ne sont pas utilisées comme simple collage, mais comme filigrane du texte de Baudelaire. Interdit politique, procès morale, représentation de la beauté, correspondance, le poème multiforme donne au compositeur la possibilité de laisser aller son cerveau fertile à de fourmillants jeux de codage. De plus, il laisse croire que l’œuvre à été écrite et inachevée par un certain Franz Gurtner, compositeur fictif, interrompu dans son élan par la Gestapo. De quoi laisser perplexe l’auditeur qui n’aurait pas vu l’exposition explicative qui précédait les concerts. Là aussi, les choristes défendaient la partition avec bonheur. Malheureusement, les parties de mezzo et de ténor auraient mérité de plus grandes voix. Fabrice Raviola, basse et Catherine Rouard, soprano sont totalement à l’aise et leur diction est irréprochable.

 

Nombreux public

  Les deux concerts ont réussi à emplir la grande cathédrale de Lausanne. Des auditeurs doivent rester debout et le public est composé d’énormément de jeunes. Amis et famille des choristes qui, pour certains d’entre eux, découvraient le concert classique. Pourtant, aucun chahut, une concentration extraordinaire.

chorus

  

Chorus, Thierry Dagon
août 2005

L'art choral et les jeunes

Qu’est-ce qui attire ou repousse les jeunes dans un chœur? Les chœurs de jeunes sont-ils un creuset
pour les chœurs d’adultes? Quelques réponses, quelques points de suspension.

  A la suite du concert du chœur des gymnases lausannois, j’ai interrogé deux jeunes passionnés.

  chorus: Comment êtes-vous tombés dans la marmite du chant choral?

  Salomé: J’ai toujours aimé le chant et depuis toute petite, mon rêve était de devenir cantatrice. A 6 ans, j’ai débuté dans une maîtrise. Nous n’étions même pas dix, mais c’était vraiment bien car notre prof avait du temps pour chacun de nous. Par la suite, nous avons déménagé et j’ai commencé le chœur à l’école. Cela ne correspondait pas vraiment à ce que j’avais envie de faire. Mais j’ai tout de même continué, car les trajets jusqu’aux répétitions de mon ancien chœur étaient devenus astreignants, et il fallait tout de même bien que je puisse chanter quelque part! Finalement, il y a trois ans, j’ai commencé à prendre des cours de chant, afin d’acquérir une technique plus sérieuse.

 

  Fabio: L’année passée, en recevant de la documentation sur le gymnase Auguste Piccard (à Lausanne), j’ai constaté qu’on donnait des cours facultatifs de chant par le biais du chœur des gymnases. J’ai trouvé intéressant d’y participer. Tout était nouveau pour moi… chanter à quatre voix, trouver son registre… Mais grâce à ce chœur, le déclic a été donné et j’envisage maintenant de poursuivre des études de chant.

  Salomé: Une fois que j’aurais terminé mon gymnase, je projette d’entrer à l’université. Mais il est pour moi évident que je garderai toujours une grande place pour la musique (je fais aussi du piano). Je chercherais plutôt un chœur qui à un répertoire assez varié, pour avoir une occasion d’apprendre à connaître et de chanter divers oeuvres.

  Fabio: Je fais déjà partie d’un chœur d’adultes (est-ce vraiment un chœur uniquement d’adultes, puisque j’y participe???) Je vient de commencer, mais les choristes du chœur du Valentin, que dirige Pascal Pilloud, m’ont bien accueilli. On y prépare le Stabat Mater de Domenico Scarlatti. Sinon, après le gymnase j’aimerai faire partie d’un chœur d’opéra vu que ces temps je rêve de devenir ténor soliste dans des opéras style Verdi ou Tchaïkovski, enfin des trucs romantiques…

 

  Salomé: Je connais beaucoup de jeunes qui n’aiment pas le chant classique, qui trouvent ça vieillot, J’ai donc été plutôt surprise en voyant le nombre d’étudiants qui chantaient au Chœur des Gymnases Lausannois. Jusque là, j’avais l’impression d’être différente car j’aimais la musique classique, et j’ai été heureuse de constater que d’autres partageaient également ma passion et mon intérêt pour elle. Je sais que certains considèrent le chœur comme une sorte "d’agence matrimoniale" (Bon ça tu n’es pas obligé de le mettre… de toutes façons c’est toi qui choisis!!!)

  chorus: Si, si je le mets, c’est en effet moi qui choisis!

  Salomé: Ceux là, donc, ne viennent pas forcément au chœur pour chanter, ou du moins pas au départ. Mais le fait d’être en contact avec un répertoire de qualité donne envie aux étudiants de continuer, certainement.

  Fabio: Je pense que le nombre élevé des élèves qui participant au chœur vient parce que la musique est bien choisie par notre chef, Olivier Piguet. Mais aussi parce qu’il y a une bonne ambiance et que c’est une belle expérience. D’autres veulent apprendre à chanter. Et en plus le camps est génial! Sur plusieurs jours de travail intensif, on s’apprend à se connaître. Beaucoup sont musiciens alors on échange nos passions.

 

  Quelques propos échangés avec les jeunes du choeur des gymnases nous amènent à penser qu’ils sont entrés dans ce choeur d’abord parce qu’il leur était servi « sur un plateau », à domicile. Le bouche à oreille concernant l’ambiance à la fois décontractée et exigeante du chef Olivier Piguet suffit ensuite à remplir les rangs. Le chef fait travailler des oeuvres connues mais très exigeantes: le Messie de Haendel, le Requiem de Mozart, la Messe en ut mineur de même Mozart. Cette dernière était complétée, cette année par une création d’un professeur de mathématiques, Jean-Claude Bossel. Il paraît évident aux jeunes qu’ils ne viendraient pas pour chanter de la gnognotte (sic!)

 Certains jouent ou chantent dans des groupes de Métal, de hard rock ou autres, cela ne les empêche pas (ils ne sont heureusement pas sectaires) de découvrir d’autres musiques avec bonheur…

chorus